QUAND ON SE PROMENE

Quand on se promène au bord de la Seine
Parmi les peintres et les poètes
Presque chaque fois on a devant soi
Un livre d'images qu'on feuillette

Un vagabond qui dort sous le soleil
Avec près de lui l'éternelle bouteille
Des arbres noircis qui sortent des pierres
Et des murs blanchis tout couverts de lierre
Les quais de Paris noyés de lumière
Sont le paradis des cœurs solitaires

Parfois une rengaine, mine de rien s'amène
Avec son manteau de poussière
Sans faire de discours, elle parle d'amour
Comme seule une chanson peut le faire
L'air un peu godiche, elle chante son refrain
Puis sur une péniche, elle s'en va plus loin
Plus près du vin rouge que de l'eau bénite
Elle a une odeur de bifteck pommes frites
Elle nous ensorcelle mais quand elle nous quitte
I1 y a derrière elle quelques marguerites

Et puis on se traîne au bord de la Seine
Lorsque les lumières s'allument
Lorsque les maisons, lorsque tous les ponts
S'habillent de brume

Un peu tristement on rentre chez soi
En se redisant qu'on y reviendra
On reviendra voir près d'la Tour Eiffel
Ce soleil du soir qui met l'feu au ciel
On reviendra voir près d'la Tour Eiffel
Ce soleil du soir qui rend la vie belle


DANIEL GUICHARD

FRANCIS LEMARQUE

.


Retour